Du 4 février au 28 mai 2023
Un paysage est toujours un voyage. Dans le temps, grâce à l’intérêt que les artistes ont depuis toujours porté à la nature, bien avant que le genre ne devienne véritablement autonome au XVIIe siècle. Dans l’espace ensuite, depuis son propre jardin et les coins familiers jusqu’aux contrées lointaines, visitées, inaccessibles et même rêvées : le paysage ne reconnaît aucune frontière sinon l’observation et l’imagination de l’artiste.
Le mot même, « paysage », est un voyage linguistique. Formé à la Renaissance à partir du mot « pays », il s’inspire du néerlandais « landschap », lui offrant une définition résolument différente. Le terme flamand décrit une réalité géographique, tandis que son équivalent français se veut une représentation, un tableau plutôt qu’un endroit. Ce « mot commun entre les painctres » selon le dictionnaire de Robert Estienne paru en 1549 gagne ensuite les autres langues, devenant « paesaggio » en italien, « paisaje » en espagnol ou « pejzaż » en polonais.
Ailleurs, il reste invariablement lié à la peinture, même lorsqu’en France, on élargit le terme à l’ « étendue de pays que l’œil peut embrasser dans son ensemble ». Un paysage c’est aussi un regard, celui d’un artiste sur la nature, celui du spectateur sur l’œuvre. Sites sauvages ou rues surpeuplées, forêts denses ou mers s’étirant jusqu’à l’horizon, collines dorées par le soleil au zénith ou architectures constellées de lumières électriques : un paysage est une immersion, une rencontre, une (re)découverte.
Le musée municipal Ducastel-Vera a proposé aux visiteurs saint-germanois et ceux venus d’ailleurs un voyage pittoresque et pictural à travers les paysages issus de ses collections.
Jusqu’au 28 mai 2023
Le rouge est la couleur primaire, archétypale, la première que l’homme a maîtrisée, fabriquée, reproduite et nuancée, d’abord en peinture, plus tard en teinture. Couleur la plus forte, la plus remarquable, la plus symboliquement riche, le rouge a la primauté sur toutes les autres couleurs. Associé au pouvoir, au sacré, il est le feu et le sang, l’amour et la colère, la vie et le danger. Pour les artistes, c’est la couleur de la chair, des drapés, des fruits et des fleurs, de la chaleur du soleil couchant.
Couleur reine, le rouge devient pourtant plus rare au XIXe siècle qui, après avoir couvert de rouge pompéien les murs des musées, habillé de velours rouge les fauteuils des théâtres et garni de maroquin rouge les portefeuilles des ministres, découvre mille nuances nouvelles et s’éloigne de cette teinte à connotation de plus en plus politique.
Lorsqu’au début du XXe siècle, l’Art déco succède à l’Art nouveau, ce n’est donc qu’une couleur parmi d’autres, assez peu présente dans les intérieurs. Le nouveau style, qui se veut luxueux autant que géométrique, lui préfère les teintes sombres et froides, l’or, le noir et le blanc éclatant. Dans ce mouvement, Paul Vera fait figure d’exception. Sa peinture est lumineuse et sa palette merveilleusement colorée avec une prédilection assumée pour les nuances de rouge et plus particulièrement l’écarlate et le coquelicot. Intenses et chauds, ils embrasent ses œuvres et ses projets décoratifs, hommage au passé résolument tourné vers la modernité.
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