La Maison natale Claude-Debussy est un joyau patrimonial de la ville. Partie intégrante du musée municipal Ducastel-Vera, la Maison est le lieu de mémoire du grand compositeur qui y naît le 22 août 1862 et l’unique musée dédié à Debussy. C’est également un témoin précieux de l’histoire de Saint-Germain-en-Laye et de son urbanisme entre le XVIIe et le XIXe siècle. C’est à ce titre que les toitures, la cour et l’escalier à balustres de la Maison natale sont inscrits Monuments Historiques en 1972.
L’historique de la Maison natale débute à la Renaissance avec l’instauration du marché aux grains et à la farine par François Ier. Les boulangers installent leurs étals dans la rue qui deviendra « rue au Pain ». Les caves du bâtiment datent de cette époque, mais c’est alors une petite maison avec jardinet et un logement en fond de cour. En 1641, elle est rachetée par Louis Boutray, serrurier du roi Louis XIV, comme un « immeuble de rapport » car il n’y habite pas. La ville est alors en plein essor avec la présence quasi permanente de la cour et Boutray fait agrandir le bâtiment en 1680. Il compte désormais deux corps de logis – celui sur rue de quatre étages et celui sur cour de deux – reliés par un escalier extérieur en bois. Une grande boutique occupe le rez-de-chaussée, louée à un commerçant.
La Maison traverse les siècles sans grande modification, seuls se succèdent ses propriétaires et les locataires. En 1861, la maison appartient à Eugénie Borde, veuve Déjardin, qui habite au Pecq. La boutique est un commerce de faïence d’André François Mallet. Les jeunes mariés Manuel-Achille et Victorine Debussy rachètent ce fonds de commerce et s’installent dans la Maison, dans l’appartement du premier étage, le plus grand. Malheureusement, en 1864, Debussy père déclare faillite et la famille quitte Saint-Germain-en-Laye.
Claude Debussy disparaît le 25 mars 1918 dans son hôtel particulier parisien, avenue du Bois de Boulogne. La Maison natale qui est toujours un « immeuble de rapport », devient lieu de pèlerinage encouragé par le Comité Debussy présidé par Maurice Denis, Gabriel Astruc et Emma Debussy, veuve du compositeur. Deux plaques commémoratives sont posées en 1923 et le Monument à Debussy par Aristide Maillol est érigé dans le jardin des Arts. Le musée municipal de Saint-Germain-en-Laye commence à constituer une collection d’œuvres et d’objets liés au musicien grâce aux dons et aux achats, mais la création d’un espace muséal doit attendre 1980 lorsque la Ville décide d’acquérir le bâtiment.
L’ordonnance d’expropriation des occupants est donnée en 1983. Régina Hélène dite Dolly Bardac, veuve de Tinan, belle-fille de Debussy, lègue à la Ville plusieurs objets personnels, ainsi qu’une somme de 600 000 francs qui facilite l’opération immobilière. L’État subventionne également le rachat et les travaux, mais la Ville supporte l’essentiel de la dépense qui se révèle considérable car le bâtiment est insalubre et menace ruine. Ces premiers travaux débutent en 1987 et durent 3 ans. Les constructions annexes dans la cour sont démolies et la structure du bâtiment est renforcée par des poutres en béton armé. L’escalier est restauré, mais la façade, qui avait déjà perdu son caractère historique avec la suppression de la devanture en bois, est très profondément remaniée. Il s’agit d’un véritable geste architectural en rupture complète avec l’environnement urbain de la Maison natale. Les séparations entre les étages sont supprimées et la partie basse, entièrement minérale, est creusée de niches. La Maison natale Claude-Debussy est inaugurée en 1990.
Le rez-de-chaussée est occupé par l’Office de Tourisme. L’unique salle d’exposition se trouve au premier étage. L’auditorium, baptisé du nom d’Yvonne Lefébure, grande pianiste de Saint-Germain-en-Laye, est au deuxième étage. Le troisième étage accueille un centre de documentation, bientôt fermé faute de place pour l’Office de Tourisme. Un atelier d’artiste est aménagé au quatrième étage. Le musée organise des concerts, des expositions temporaires, reçoit des visites scolaires. Il célèbre le 150ème anniversaire de la naissance de Debussy en 2012 et le centenaire de sa mort en 2018.
La fermeture pour travaux du bâtiment historique du musée municipal dans le jardin des Arts (Villa Eugénie-Désoyer) nécessite le transfert du Cabinet des Arts graphiques, installé au quatrième étage de la Maison natale. En 2018, la Villa rouvre, mais sans les collections du musée. En revanche, l’Office de Tourisme y emménage, quittant la Maison natale. Le rez-de-chaussée est réaménagé et devient l’accueil du musée avec une présentation temporaire. La Ville lance en effet un important projet de rénovation qui vise avant tout à donner au bâtiment un éclat à la hauteur de son importance culturelle et patrimoniale.
Le parti-pris de cette nouvelle rénovation/restauration est la préservation de l’état historique du bâtiment et sa réinscription dans le tissu urbain du centre-ville protégé en tant que Site patrimonial remarquable. Les points essentiels des travaux ont été :
La Maison a été fermée au public fin 2021 et le transfert des collections s’est achevé à l'été 2022.
La phase d’études et de projet a été inhabituellement longue en raison de la complexité du site : surfaces très réduites et passages étroits, accès unique au bâtiment par la rue au Pain, accès unique aux étages par l’escalier inscrit MH, rue et trottoirs étroits avec circulation forte notamment des bus. Le gros œuvre a été achevé au début du printemps 2024. Les travaux de menuiserie et autres finitions ont été réalisés entre le printemps et l'été 2024. Le redéploiement des collections s’est étalé sur les mois d'août et septembre.
La réouverture au public est fixée au samedi 23 novembre 2024.
Arpentez les rues de la ville aux côtés de l'illustre compositeur et découvrez un aperçu de sa Maison natale à travers ce film
Les travaux ont été financés par la Ville avec la participation de la Région Île-de-France et du Département des Yvelines.
La Saison musicale Debussy, désormais construite en collaboration avec le Conservatoire à rayonnement départemental Claude-Debussy, réinvestit l’auditorium Yvonne Lefébure dès décembre 2024.
La marraine de cette saison inaugurale est la grande pianiste lituanienne Mūza Rubackytė. Née à Kaunas en 1959, elle est diplômée du Conservatoire de Moscou et mène une carrière internationale importante à partir des années 1980. Mūza Rubackytė a reçu la Légion d’Honneur en 1998. Elle est mondialement connue pour son interprétation du répertoire lisztien et de la musique russe de la première moitié du XXe siècle. En 2024, elle est l’une des artistes particulièrement mis à l’honneur pour la Saison culturelle de Lituanie en France qui se tient entre le 12 septembre et le 12 décembre 2024.
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